Patrice Navarre

A quoi sert de passer sa vie à se poser des questions et à bafouer le « politiquement correct » si c’est pour finalement ne rien avoir à dire ?

Dans ce blog, je vous propose de faire un voyage avec moi, au fil de coups de gueule, et d’immenses moments que j’ai vécues. Mais pour que ce blog atteigne son objectif, il est indispensable que vous aussi vous osiez vous exprimer.

Alors des réponses il y en aura, bien sûr, mais l’idée première est avant tout de poser des faits avec la plus grande objectivité possible.

Un croisement insolite

On a souvent vu chez les animaux des croisements « hasardeux ». Et bien figurez-vous que chez les hommes ça peut être « gratiné ». Mon pédigré en est un exemple parfait.

A un an, au chateau de Villemoutiers, la vie devait me sembler facile…

Du côté paternel, un espèce d’OVNI « industriel de la lumière », et sa tribu d’une vingtaine d’adeptes. Il brasse des sommes assez considérables qu’il extirpe à tout ce qui s’approche de lui. Pour exemple, en 1949 il cède au baron Empain « Art et Luminescence » la société qu’il a créé 4 ans plus tôt pour 15 000 000 F. soit environ 3 123 700 Euros). Grâce à ça, il achète le château de Villemoutiers et les 20 hectares de terres du domaine. Cette résidence secondaire (il habite Paris) est destiné avant tout à la fête, mais aussi au projet de « Phalanstère« . Après de somptueux travaux (les murs de la salle à manger seront peints par Bernard Buffet) la souricière est prête. Il invite alors tous les notables locaux…

Le prédateur en action. Roger (a droite) a réussi à fiancer son fils (mon père) à la fille du couple Prochasson. Tout le monde lui prète attention et sourit. Pourtant…

Du côté maternel, c’est une autre histoire. Ce sont les grandes familles paysannes, propriétaires d’immenses exploitations depuis des générations. On tient aussi des « commerces clefs » qui ont permis d’arrondir les fins de mois durant la guerre. Les placards regorgent de lingots d’or, mais les rouleaux des caisses enregistreuses sont réenroulés pour être utilisés des 2 cotés. A la table de ces braves gens on rencontre quelques curés plus ou moins désintéressés. Le père de famille est un coureur de jupon, la mère a quant à elle épousé un « parti » et se doit de faire bonne mine. Le grand père est maire de Villemoutiers.

Mais les différences de culture sont abyssales et les points de vue diamétralement opposés. Les Prochasson regardent les Navarre comme des fous furieux et Roger ne voit dans les Prochasson que des « vaches à lait ». Tout ce petit monde prendra ses distances dans les années 55.

Phase 1 formatage Navarre

J’ai vécu les premières années de ma vie dans la tribu Navarre. Et vivre ça c’est certainement aussi violent que passer dans un lave-linge.

Roger est un gourou qui joue un rôle en permanence. Vérité et mensonges s’entrechoquent dans cette tribu qui sait qu’il ne faut surtout pas s’opposer au « Guide » sous peine de représailles extrêmement violentes. Sans ça l’ambiance générale est celle d’un groupe d’allumés qui tournent tout en dérision. On travaille on pleure, mais on rit beaucoup aussi, Picasso, Cocteau, Braque et de nombreux autres artistes se mêlent souvent aux fêtes. Roger vient « d’inventer » le gemmail et l’argent coule à flot. Par moment, par manque d’anticipation il n’y en a plus alors on vend les meubles et on mange des pommes de terre à toutes les sauces. L’argent du groupe circule dans une mallette qui est confiée au « secrétaire particulier ».

Personnage ambivalent, Roger va parfois mettre une correction sévère à un des membres, puis dans l’heure qui suit donner une forte somme à un gars dans le besoin. Ange et démon il règne sans partage sur le groupe, qui l’écoute comme un messie.

Phase 2 formatage Prochasson

C’est en 1966 (j’ai alors 12 ans) que pour des raisons plus ou moins obscures, mes parents nous emmènent à Montargis, fief de mes grands parents maternels